ANTOINE LEONPAUL

Chanteur, à une époque, c’était s’appeler Michel (Berger, Delpech, Polnareff). Puis, ce fut Mathieu (Boogaerts, Chedid, Sinclair). On attendait la vague des Antoine. Elle est arrivée (ou revenue), comme un SMS, sous le sigle ALP. Antoine Léonpaul, trois prénoms pour le prix d’un, et un chanteur chahutant sans chuchoter l’univers de la pop à la française tel qu’il s’entrouvre depuis la vogue des Alain (Chamfort, Souchon) : un grain délicat sur une écriture à l’os ; le goût retrouvé des mélodies sur un traitement doucement vintage de batteries élastiques, de basses arrondies, de claviers analogiques, de chœurs et de voix doublées sur des arpèges de guitare gimmicks.

UN AUTRE HOMME
Après avoir buzzé sur le MySpace de l’artiste, Un Autre Homme s’est imposé tout naturellement comme le premier single de l’album liminaire d’Antoine Léopaul. Servi par un clip décalé, où l’artiste se confronte à lui même (une muppet), c’est là plus une confession qu’un autoportrait : « J’en ai marre d’être un branleur / De me lever à pas d’heure / De faire croire que j’suis chanteur / À des filles dans des bars non fumeurs. » La question du chanteur est posée. C’est un choix de société. Quelle place, dans quel environnement, quelle filiation ? Chanteur, est-ce être un homme qui ne quitte pas l’enfance ? Antoine Léonpaul jette les bases d’un style qui emprunte tout à la fois à la délicatesse d’un Souchon qu’à l’appréhension assumée naïve d’un Mathieu Boogaerts : sur une construction en lego, une production en lignes claires où chaque mot sonne à l’économie de ses rimes (en eur), sons vintage et mots contextes en renforts. « Minuit sonne sur mon téléphone pomme » : comme souvent, la clé de la chanson se trouve dans le refrain. Un Autre Homme est donc un conte, où le chanteur s’éveille à lui-même. Et à minuit. Pourquoi minuit ? Cendrillon serait-elle finalement un homme ? Ou un autre homme ? Antoine Léonpaul ?

Oh Claire est le deuxième single du premier album éponyme d’Antoine Leonpaul.

La chanson relève de la figure de style. Lestée de ces rimes en « r » qu’affectionnait tant notre Gainsbourg national, Oh Claire explore les déclinaisons sémantiques du terme « clair ».

Pourtant, Antoine Leonpaul, s’il aborde la question d’un désir tabou (tu ne convoiteras pas la femme d’autrui), reste là plus proche des Souchon, Yves Simon, David McNeil.

Nouvel homme fragile. Avec une méticulosité de clerc (de notaire pas de Julien), il dresse un inventaire de ses affres dérisoires sur une guitare folk rythmique soutenue par des handclaps funky et des riffs de cuivres trombone-trompette.

Antoine Leonpaul renoue avec une chanson française pop et légère, affranchie.