LIVE REPORT / Concert Eagles au Death Metal à l'Olympia à Paris
Ambiance assez pesante à l'arrivée devant l'Olympia, le mardi 16 février 2016, pour le retour des Eagles of Death Metal. Fouilles en nombre, détecteurs de métaux, route bloquée aux passants sans tickets... Tout est mis en place pour maintenir la sécurité à ce concert, à la symbolique énorme.
Dès notre entrée dans l'Olympia, l'ambiance est tout de suite différents. Une fille avec un panneau FREE HUGS est là, et dans des moments comme celui-là, ça fait du bien. Dans l'Olympia, rien de différent qu'à l'accoutumée. La bière coule à flot, les gens discutent et sourient. On sent quand même que certains visages sont assez crispés.
On se regroupe devant la scène, atteignant presque le premier rang. La première partie, White Miles, met déjà le feu, avec une chanteuse et un batteur à fond, essayant d'envoyer une énergie forte. Quelques personnes dansent, mais le public est moyennement réceptif au groupe : tout le monde attend les Eagles of Death Metal.
Vingt minutes d'entracte. Les lumières s'éteignent ensuite, et les cris commencent. Une musique crescendo commence : Paris S'éveille de Jacques Dutronc fait office de musique d'entrée pour le groupe, et notamment pour Jesse Hughes et sa cape de Père Noël. Les applaudissements ne s'arrêtent pas. Le chanteur, très ému, semble vouloir remercier une à une les personnes présentes devant la salle. Il serre les poings très fort en les levant au ciel, presque à en trembler. Il parait victorieux. Le concert n'a pas commencé que le rock a déjà gagné. Jesse envoie des bisous aux personnes du premier rang, ainsi qu'à certaines personnes dans les tribunes.
Mais n'oublions pas pourquoi nous sommes là : le rock. I Only Want You commence alors, les pogos ne tardant pas. Au milieu de la chanson, le chanteur demande "a moment to remember". Le public se tait - malgré quelques "à poil" très irritants, notamment pour le chanteur qui l'a fait remarquer avec ses réactions faciales, et pour le public qui n'hésite pas à lancer des "ta gueule" en signe de respect -, tout le monde baisse les yeux, le groupe aussi. Josh Homme, membre du groupe Queens of the Stone Age et fondateur des Eagles of Death Metal, présent pour l'évènement, marque rapidement le tempo avec ses baguettes, et la musique reprend. Les pogos aussi. L'ambiance est tout de suite hystérique, et ça fait plaisir. Le public est là dans un esprit de fête, de joie. Les sourires prennent le dessus sur la peur. Des cadeaux pour le groupe sont lancées sur la scène, comme cette écharpe bleu-blanc-rouge ou ce t-shirt à l'inscription "Wannabe in Paris".
Les chansons s'enchainent, toujours dans le même esprit rock. Don't Speak, Bag O'Miracles, So Easy, Complexity... Le groupe reprend en plus Brown Sugar des Rolling Stones, reprise en choeur par tout le monde. Jesse, avec ses danses plus ou moins débiles, plus ou moins construites, rend le show léger et hilarant. I Love You All The Time est consommée de façon différente, surtout qu'une partie est chantée en français. Sur Cherry Cola, le public est en transe, les slams se font de plus en plus nombreux. Avec la présence de Josh Homme, nous avons deux batteurs. Et pour ne pas s'ennuyer pendant que l'autre joue, quoi de mieux qu'une revue mode ? Tout est très léger sur la scène. Les sourires ne s'arrêtent pas et sont très communicatifs.
Wannabe in L.A est transformée en Wannabe in Paris pour ce concert unique. Le public est en transe, l'énergie est tellement intense que les gens commencent à transpirer. Jesse casse une guitare sur la scène avant de la lancer dans le public.
Le groupe sort une première fois de scène, sous les ovations qui ne s'arrêteront que lorsque le prochain morceau reprendra. Jesse revient avec une guitare aux couleurs du drapeau français levée à bras tendu, telle une victoire de la musique sur la haine. Il se lance sur un très long solo, qui se terminera dans le public des gradins, après de très longues minutes impressionnantes. Il prend dans ses bras l'une des victimes du Bataclan, avant de rejoindre le groupe sur la scène. Interagissant avec son groupe et avec le public, il hurle un "I'm so fuckin' drunk" avant de reprendre un verre qu'il boira, sous les "CUL SEC ! CUL SEC !" du public, considérant visiblement le chanteur presque comme un ami. Ne voulant vraiment pas quitter la scène, chacun des membres se lance tour à tour sur un solo, le guitariste à la longue barbe joue même les yeux bandés, sous les rires du public, visiblement impressionné. Josh Homme fait de même à la batterie mais semble avoir un peu plus de mal ! Tout le monde sur la scène rigole, tel un gros délire entre copains.
Les morceaux I Want You So Hard et Speaking in Tongues concluent ce show de vingt trois chansons et de plus de deux heures. Le groupe salue une dernière fois, très longuement, le public parisien auquel il est maintenant très attaché. Les applaudissements ne se stoppent pas. La Marseillaise improvisée retentit alors dans le public, telle une victoire. Sans être dans l'excès, ce show était très émouvant, par rapport à son histoire et à son lieu d'être, mais aussi très énergique, très amusant, et surtout, très rock and roll.
Report par Sebastien Martinez