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LIVE REPORT / Musilac 2018 : on y était !
17/07/2018

LIVE REPORT / Musilac 2018 : on y était !

Dix sept éditions et toujours autant d'émotions. De Carlos Santana à Muse en passant par Lenny Kravitz, le festival Musilac, à Aix les Bains, a toujours su surprendre. Malgré une fréquentation en baisse cette année, le festival sait faire plaisir à ses fidèles passionnés, mais aussi aux novices de l'évènement.


Ce jeudi 12 juillet, pas moins de douze heures de concerts attendent les plus coriaces, et ce dès 15h30. Le concert de Yonaka sur la scène Korner, petite scène accueillant les visiteurs à l'entrée du festival, attire les premiers festivaliers. Musilac a à coeur de laisser le micro aux découvertes, comme Juliette Armanet l'an dernier, laquelle atteint désormais des sommets, ayant rempli un Olympia, à Paris il y a peu. On espère que J. Bernardt et Albert Hammond Jr pourront en dire autant. Ce dernier ouvre la scène Lac, et n'hésite pas à s'offrir un bain de foule impressionnant, entouré de festivaliers déjà en nombre. La sauce prend rapidement, comme cela peut se voir sur les écrans géants et les images offertes par les drones, présentant un panorama complet du site. Musilac est situé idéalement entre le Lac du Bourget et le pied des Alpes, le soleil étant au rendez-vous cette année.

Peu après, les Feu ! Chatterton inaugurent la scène Montagne, jumelle à la scène Lac. Il faut dire que le groupe parisien mené par le charismatique Arthur sait s'y prendre pour impliquer le public et communiquer son énergie, apporter du bonheur, malgré des textes forts comme Cote Concorde. Pour ce deuxième passage, l'album "L'Oiseleur" est présenté, et pendant environ une heure, les titres s'enchainent, le public s'en mêle et n'hésite pas à reprendre les morceaux qu'il connait.

Musilac a pour habitude d'offrir une programmation éclectique, mais aujourd'hui, c'est un public relativement hétéroclite, face à une programmation principalement rock. L'exception qui confirme la règle est bien Lomepal. La scénographie du parisien n'a rien à envier aux noms confirmés du rap, et pendant une heure, les titres tels que Yeux Disent hurlent, permettant au public connaisseur de se déchaîner dans des pogos déjà très intenses. Le rappeur sait communiquer, et n'hésite pas scinder la foule sans aucun problème pour créer des Wall of Death énormes. The Stranglers, peu après, font esquisser les sourires des plus grands fans de rock ayant fait le déplacement pour cette journée sous le signe du rock.

La légende de la soirée ne mettra pas plus de temps à entrer en scène. Depeche Mode, en plein milieu d'une tournée européenne passant par plusieurs évènements français (Vieilles Charrues, entre autres), n'a pas pris une ride et leur énergie est communicative. Dave Gahan, leader charismatique, ne s'essouffle pas une seconde, et sous son look très personnel, lance ses titres les plus connus tels que Just Can't Get Enough et Enjoy The Silence. Pour autant, les titres du dernier album, Spirit, ne sont pas oubliés, à l'image de Going Backwards qui ouvre le live. Somebody est parfaitement repris par Marton L.Gore, qui envoûte avec sa voix vibrante et puissante. Le public, largement constitué de fans du groupe, venus parfois de très loin, se prête au jeu de la reprise et hurle aux cris du leader, tape des mains, sous le soleil couchant derrière la Dent Du Chat surplombant le lac du Bourget.

Cette année, Musilac s'offre le luxe de proposer deux têtes d'affiche ce jour, et après ce concert majestueux de plus d'une heure et demie, Simple Minds prend le relais. Sans surprise, la bande obtient le succès escompté, notamment au moment du titre Won't You Forget About Me au milieu du concert, lequel dure pendant presque une dizaine de minutes, sans aucune lassitude du public qui chantera à en perdre la voix. L'émotion est à son comble, mais le festival n'a pas dit son dernier mot. Zeal & Ardor essaient de faire retrouver au public la folie de Gojira, sur le site il y a quelques années. Malheureusement pour eux, le public se fait restreint et seule quelques centaines de personnes assistent à ce show de la tournée Stranger Fruit, pourtant puissant. Entre métal et rock sombre, le groupe composé de quatre chanteurs, dont deux bassistes, et d'un batteur, donne toute l'énergie qu'il a pour mettre le maximum d'ambiance. L'effet prend sur une bonne partie des spectateurs qui font couler la sueur, à presque minuit, à coup de circle pit plus que puissants.

Enfin, la soirée se termine avec le seul set électro de la journée : Joris Delacroix nous dit bonne nuit (pendant presque une heure et demie), sur la scène Korner, visiblement bien remplie. Son set, quelque peu répétitif, permet de se lâcher une dernière fois à coup de sons forts. Le public saute, crie, s'essaie à quelques pogos qui prennent quelques instants, ce qui clôture une première journée de festival riche en émotions, et qui crée une hâte de la (re)découverte des artistes des prochains jours.


Deuxième jour au bord du Lac du Bourget pour le festival Musilac. Malgré la baisse de fréquentation qui se ressent même au niveau du camping, les festivaliers présents ont le sourire. Aujourd'hui dès 17h, il est possible d'accéder à la grande scène Montagne pour applaudir les Cats on Trees, venus présenter leur album Neon. Il faut dire qu'avec le décor, la musique du duo accompagné par son groupe, notamment une violoncelliste, prend une tournure beaucoup plus intense. Sirens Call ne déroge pas à la règle lorsque le morceau est joué, repris par la foule malgré tout assez conséquente.

Alors que The Temperance Movement réveille la scène Lac à coup de blues qui fait légèrement penser au show de Seasick Steve il y a quelques années, Foé se révèle sur la scène Korner. Le jeune artiste, du nom de Nicolas, a déjà tout d'un grand. Il se présente sur scène accompagné d'un ami musicien, pour jouer les titres de son premier album, Îl, lequel est déjà applaudi par les critiques. La setlist est tout aussi éclectique que son album, présentant les bientôt cultes Bouquet de Pleurs et Coma Idyllique.

A peine le concert de Foé terminé, il est temps de rejoindre la scène Montagne où Rilès commence son show. Sans surprise, celui qui sortait un titre par semaine pendant un an est une bête de scène. L'artiste offre un show complet, danse, scinde la foule en deux, se met derrière son ordinateur pour lancer quelques sons, et se livre beaucoup. Rilès impressionne réellement par son énergie communicative, et son talent se mesure jusqu'au bout du festival. Quelques festivaliers verseront même des larmes à l'écoute des titres comme In The Jungle. Cette ambiance folle ne redescend pas lorsque l'incroyable Beth Ditto monte sur scène et s'essaie à quelques mots de français. Légèrement provocatrice, entre deux titres l'américaine pose sa cuisse sur un ventilateur pour se rafraîchir ce qui fait lever sa robe. Clin d'oeil lancé vers le public, évidemment. Pendant presque une heure, c'est sans aucune fausse note que Beth reprend les titres de son album solo, et termine par un Heavy Cross plus que puissant, repris par une foule absolument conquise.

Le soleil se fait de plus en plus lointain, et les légendaires Deep Purple montent sur scène. Malgré leur âge grandissant et la fatigue des artistes qui se fait ressentir, les anglais donnent tout ce qu'ils ont pour un public à nouveau constitué principalement de fans. Il n'empêche que pendant une heure et quart, le public est réceptif à leur rock et à leur concert terminé par un Smoke In The Water incroyablement culte, à tel point qu'il est difficile de croire qu'on y assiste vraiment. Néammoins, pour danser à en perdre toute sa sueur, il faut aller voir Hollysiz. Véritable boule d'énergie et de folie, la chanteuse scinde la foule qu'elle fait chanter en accord, avant de créer un Wall of Love. Un peu comme un Wall of Death, mais avec des câlins. Montant sur les épaules d'un des membres de la sécurité, Cécile de son vrai nom hurle son titre culte Come Back to Me et fait s'assoir tout le monde avant une explosion de mains en l'air et de sauts (et de dab : c'est Hollysiz qui l'a demandé).

Sans rater une miette de ce show qui se termine en même temps que celui de Deep Purple, il est possible de rejoindre la scène Lac et d'applaudir la tête d'affiche de la soirée : Orelsan. Venu en 2012 sur la scène jumelle, c'est devant un public encore plus grand qu'Aurélien vient présenter les titres de La Fête est Finie, ouvrant son live avec titre San. La plupart des chansons sont reprises en choeur, notamment Christophe et Défaite de Famille, qui font bien rire l'assemblée. Chanteur à textes forts, l'émotion s'empare de la foule pendant Tout va bien ou Quand est-ce que ça s'arrête. Pour le coup, le show d'Orelsan n'a carrément rien de Basique. Même constat pour show d'Oscar and the Wolf, qui transcende les courageux encore présents quoi que peu nombreux. L'artiste hybride, vêtu d'une chemise à paillettes envoûte ses spectateurs avec ses sons pop présents sur ses albums, notamment Infinity sorti il y a peu. Max Colombie, chanteur du groupe, scotche les regards tel un magicien tant sa présence scénique et sa façon de bouger est unique.

Passé plus d'une heure du matin, il est temps de quitter les grandes scènes pour aller applaudir la surprise de ce festival : Para One, annoncé lors du premier jour du festival. Le petit protégé du label Ed Banger (label de Justice et Breakbot, entre autres) clôture cette seconde journée avec un set de quasiment deux heures. Ce dernier connait bien la région, ayant vécu quatre ans à Chambéry, et semble à l'aise sur l'esplanade du lac. Reprenant notamment du Gesaffelstein, il possède littéralement la foule qui n'a pas l'intention d'aller se coucher. Il est trois heures du matin, l'artiste quitte la scène sous les applaudissements nourris de la scène Korner, et le public se résigne à quitter les lieux, hâtif de retrouver le festival le lendemain.

Le temps passe vite à Musilac. Déjà le troisième jour au lac du Bourget, pour vivre toujours autant d'émotions. Aujourd'hui, la canadienne Charlotte Cardin ouvre le bal pour un show vraiment adorable. Pendant une heure, sur la scène Montagne, Charlotte se livre au piano et à la voix, accompagnée de son groupe, pour ce qui sera le premier show de leur tournée en France. Il faut dire que la chanteuse est très présente pour son public avec qui elle adore échanger. Sa réputation étant déjà un peu faite, Main Girl, qui clôture le concert, est repris par les plus aventureux. Le duo Nova Twins prend ensuite le relais sur la scène Lac pour un show explosif et déjanté. Au loin, il est possible d'entendre des faux airs de voix de Samaha, de Shaka Ponk. Quel bonheur !

Très rapidement, Amber Run, grand remplaçant de You Me At Six, prend possession de la scène Montagne. C'est un réel moment de poésie qui se crée à Aix les Bains. Le groupe nous vient d'Angleterre et reprend des titres envoûtants tels que I Found. De quoi se rappeler le bonheur du concert d'Alt-J, en 2015, lequel avait déjà transcendé une foule massive. Musilac offre ce genre d'émotions éclectiques depuis maintenant dix sept éditions, et retrouver un groupe tel que Amber Run rappelle les plus beaux moments des éditions vécues.

L'ambiance, tout comme le public, devient très rapidement totalement différente avec l'arrivée d'un belge pas comme les autres. Romeo Elvis, vêtu de ses vêtements Lacoste, est bien décidé à "foutre le sbeul", et c'est exactement ce qu'il se passe. Il n'a pas à se faire prier longtemps pour créer des pogos absolument énormes, lesquels font lever la poussière sur plusieurs mètres. Romeo Elvis a déjà sa réputation, et cela se sent dans le nombre de personnes qui hurlent l'emblématique Bébé aime la Drogue alors que la pluie se lève et commence à être battante. Cela ne découragera personne, et jusqu'au bout, le groupe le public donnent d'eux mêmes. Même constat pour MC Solaar qui, accueilli par cette pluie, reprendra ses plus grands titres, ainsi que ceux présents sur son album Géopoétique. Aucune déception possible, l'artiste et son groupe prouvent qu'ils ont une énergie folle, accompagnés de leur scénographie millimétrée. Le public commence à se faire nombreux, parfait pour pouvoir tous ensemble hurler sur Da Vinci Claude.

Petit problème de la soirée : la pluie a fait reporter le concert de Teeers, jouant finalement en même temps qu'Indochine. La météo étant imprévisible, beaucoup ont découvert que le concert avait lieu un peu trop tard, et sont restés avec le groupe de Nicola Sirkis. Dommage, le funk du groupe montant a pourtant tout pour plaire, à l'image de leur single Driving On My Own qui résonne déjà dans beaucoup d'esprits.

La légende française qu'est Indochine a fait déplacer un public qui s'étend jusqu'aux stands à l'autre bout du festival. Défendant leur album 13, c'est majoritairement ces titres qui sont repris, même si quelques tubes tels que Canary Bay s'invite dans la setlist. C'est avec une énergie folle que l'on retrouve, huit ans après leur premier passage, le groupe, pour lequel une avancée de scène a été spécialement installée. En cette fête nationale, confettis et projections sont de la partie pour ce "putain de festival" comme le surnomme Nicola Sirkis. Pendant deux heures, les musiques s'enchaînent mais l'énergie ne désemplit pas. Viennent les moments des incontournables titres et une version acoustique de J'ai Demandé à la Lune, qui serre tous les coeurs. Quand vient la longue introduction de L'Aventurier, c'est des applaudissements nourris et des cris de joie qui se font sentir, pour ce moment magique.

Le groupe quitte la scène, laissant les festivaliers émus et comblés, prêts à accueillir Rone sur la scène voisine. Habitué des festivals, notamment Rock en Seine l'an dernier, le parisien a bien décidé de tout retourner avec ses sons futuristes et décalés, d'une puissance sans comparaison. Les titres de son album Mirapolis ainsi que ses sons les plus intenses sont joués pour un live de presque une heure et demie.

Comme chaque soir, il est temps de dire au revoir au festival en rejoignant la scène Corner où Chloé commence. Scénographie détaillée avec des sortes de cubes blancs autour d'elle, la DJ se fait discrète derrière ses platines, contrairement à ses sons qui font trembler toute la ville, face à un public encore nombreux qui n'a clairement pas envie de dormir. Le Endless Revision Tour de la DJ touche alors à sa fin, à presque trois heures du matin, la chaleur du public ne redescend pas. Cris nourris et applaudissements, Musilac s'apprête à aller se coucher une avant-dernière fois.

 


Tout commençait parfaitement bien pour cette ultime journée au festival Musilac. Malgré les changements de dernière minute face à ce dimanche un peu spécial, jour de Coupe du Monde, tout laissait penser que la journée allait être excellente. La météo en a décidé autrement, et le festival a été annulé en plein milieu de la journée. Retour, tout de même, sur ces instants de vie de cette journée du 15 juillet.

C'est sous un soleil resplendissant que Raqoons monte sur la scène Le Korner. Les jeunes Stéphanois ont une énergie folle sur scène, notamment avec Téo qui, malgré le fait qu'il soit à la batterie, chante et prend le micro à tout instant. Le trio, de style "Groove Rock" comme ils disent, dévoilent leurs titres de leur premier EP, Wash The Raccoon, qu'ils défendent avec passion. Malgré le fait que le public ne soit vraiment pas nombreux (changements des horaires face à l'évènement sportif), Téo, Etienne et Quentin, déjà vus à Musilac Mont Blanc, se donnent au maximum, et la sauce prend.

Les grandes scènes dorment encore lorsque Témé Tan monte sur Le Korner. Révélation lui aussi, c'est son premier album éponyme qu'il vient défendre sur scène devant un public grandissant à vitesse impressionnante. La raison est plus ou moins évidente : le match France Croatie va commencer. Les festivaliers s'assoient devant les écrans géants, boudent les grandes scènes, prennent quelques bières et hurlent à chaque action. Jamais Musilac n'avait pris telle forme, ne proposant plus aucun concert pendant plus de deux heures.

Peu avant le sifflet final, L'Impératrice monte sur scène, l'un des moments les plus touchants de cette édition, tant le sort s'est acharné contre le groupe. Victimes d'une affluence plus que réduite, le public restant derrière les écrans, c'est face à un peu plus d'une dizaine de spectateurs que le groupe mené par Flore entame le show. Prenant la situation avec beaucoup d'ironie, le batteur se lève, demande de taper des mains, Flore sourit malicieusement, se disant presque "on s'en fout, on va les faire danser même s'ils sont 40". Et pour les quelques festivaliers courageux, ça marche ! Le public entraide le groupe qui subit au passage le lever d'une tempête très violente. Les éléments se déchaînent, L'Impératrice commence Séquences et dès le morceau suivant, la sécurité vient à contrecoeur leur demander de quitter la scène. Dès 19h30, l'évacuation du site est considérée comme définitive, du matériel ayant été endommagé par la puissance de la tempête.

Restaient à passer quelques groupes légendaires comme les Franz Ferdinand, que nous avions pu voir au Zénith de Paris, lesquels auraient du présenter leur album Always Ascending. Shaka Ponk, Her et IAM, vus à Solidays, auraient du être de la partie, et Henri PFR devait clôturer le festival sur la scène Korner avec son set électro puissant, et le bientôt culte Catching Butterflies. Reste à espérer que l'édition 2019, déjà annoncée pour les 11, 12, 13 et 14 juillet, aura plus de chances. Pour les plus impatients, Musilac Mont Blanc aura de nouveau lieu à Chamonix, les 26, 27 et 28 avril. Ne dites rien à personne, mais Eddy de Pretto, Charlie Winston et Gaetan Roussel seront de la partie !

Remercions en tout cas toute l'équipe technique, organisationnelle, bénévole, de Musilac, laquelle a encore fourni cette année un travail d'arrache pied, le tout sous des conditions compliquées. La baisse de fréquentation, la météo, la Coupe du Monde, sont autant d'éléments qui ont joué en la défaveur d'un festival désormais culte, mais qui a su assurer, prendre des mesures et des décisions en temps voulu pour assurer le plaisir des festivaliers (diffusant la Coupe du Monde sur les écrans), mais aussi pour leur sécurité. C'est avec impatience que nous attendons la dix huitième édition de Musilac.

 

Live Report par Sébastien Martinez

 

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