J’AI DES DOUTES (Francois Morel)
«Raymond Devos, mesdames et messieurs, est un miracle qui est apparu, singulier, sur la scène du music-hall français. Il ne ressemblait à personne. Personne, plus jamais, ne lui ressemblera. C'est comme ça. Il faut se faire une raison. Même si on n'est pas obligé... de se faire une raison.
Lire la suite
Il est plus opportun en évoquant Devos de se faire une folie. Un grain de folie capable d'enrayer la mécanique bien huilée de la logique, de la réalité, du quotidien. Ceux qui l'ont vu s'en souviennent : Raymond Devos fut un phénomène rare. Comme les arcs-en-ciel de feu circulaire, comme les colonnes de lumière, comme les vents d'incendie, comme les nuages lenticulaires, il a surgi, miraculeux et mystérieux, derrière un rideau rouge qui s'ouvrait sur l'imaginaire. On n'avait jamais vu ça! Et, devant cet homme en apesanteur, on avait le souffle coupé.»
François Morel-Raymond Devos, Raymond Devos-François Morel, et la belle boucle est bouclée... à double tour ! Sa nouvelle création - rochelaise, cela va de soi - emprunte à l'illustre artiste le titre de son plus fameux sketch, où il interroge l'univers, la folie de l'existence, l'incommunicabilité avec un talent entre tous reconnaissable.
Fasciné par le grand clown, François Morel s'est plongé corps et âme dans sa prose pour inventer un spectacle musical en forme d'hommage. Son tact pour évoquer «cet amour de jeunesse», son plaisir du verbe et sa propension à flirter avec la poésie sonnent comme la promesse d'un temps suspendu. Gageons que les mots du funambule racontés par le cousin Morel et accompagnés au piano par le complice, l'ami, le maître à chanter Antoine Sahler, donneront le vertige.
Un inséparable duo de charme, pour un trio rêvé avec l'immense acrobate de la langue. D'ici-là, relisons, regardons, écoutons Devos pour mieux nous laisser parcourir par quelques frissons de plaisirs gourmands. Ah qu'il va paraître loin, ce fameux mois de mai !